mercredi 14 novembre 2012

Je suis Doody, si je puis dire…


«Je dois reconnaître que lorsque je suis arrivé dans cette famille, j’étais un peu perdu. Il y avait d’autres chats comme moi, ce qui m’avait attiré mais au début, ils m’ont fait comprendre que je n’étais pas le bienvenu. Ils m’avaient tenu à distance, comme avant eux d’autres que j’avais rencontrés dans le secteur. Je sentais toutefois que leur rejet ne venait pas d’une lutte pour la nourriture car il semblait évident que sur ce plan, ils n’avaient pas spécialement de craintes: quand il y en a pour cinq, il y en a pour six... Plutôt une question de territoire, de surnombre. Et puis pour eux, je devais être l’étranger, l’itinérant, le sans domicile ! Heureusement, les humains qui étaient là m’ont protégé et accueilli. C’est à ce moment là aussi, que je me suis rendu-compte qu’ils pouvaient, ces humanidés, avoir un rôle important pour nous, les chats qui avons une personnalité affirmée mais qui avons néanmoins besoin de l’autre, des autres de leur présence.

J’étais un peu déchiqueté, blessé, le ventre zébré, lacéré. C’est vrai que je ne savais pas me défendre; je ne savais même pas sortir mes griffes et je n’avais qu’une idée, c’était de m’amuser avec les autres en allant à leur rencontre.
Les humains m’ont d’abord emmené me faire soigner et comme ils ne connaissaient pas mon nom, m’ont donné celui de Lost, que le vétérinaire a inscrit sur mon carnet de santé. Lost: d’accord, j’étais perdu mais quand même! Et puis, quand j’entendais ce nom, je ne réalisais pas qu’il était question de moi…



Un jour, ces humains là, faisant des recherches pour s’assurer malgré tout qu’aucune famille ne m’attendait quelque part, ont rencontré ceux qui m’avaient laissé à l’abandon dans un premier temps. À leur réponse, à leur discours, au vu de leur attitude, nous avons tous compris que ces gens là n'étaient pas en situation de me prendre en charge. Toutefois d’eux, ils ont quand même appris qu’avant, je m’appelais Doody. Puis, réalisant que je réagissais à ce nom, ils l’ont adopté en toute simplicité: c'était aussi mes racines... Parfois, avec de l’affection et amusement, ils m’appellent Doody-Lost. J’aime bien. Cela fait comme un trait d’union: il n’est que justice parfois, que les maux des chats se retrouvent dans les mots des humains…

Dans cette maison, je vis désormais en bonne entente avec les autres. On constitue une fratrie et comme dans pratiquement toute fratrie, surtout recomposée, il arrive qu’on se chicore un peu. Il faut bien que je montre aux autres que j’ai appris pas mal de choses, à me défendre entre autres; mais nos chamailleries ne vont jamais bien loin.
Je vous raconterai tout cela par la suite. Pour le moment je profite au maximum du soleil d'automne, surtout le soir, quand je peux m’installer sur sa chaise à Lui (je les appelle Lui et Elle, mais avec des majuscules), d’autant plus que j’aime bien me lover sur ses affaires, comme ses gants de jardin (sur l’une des photos, l’on voit aussi son vieux pull, au dos). Entre nous, depuis peu, j’ai davantage tendance à me replier vers l’intérieur de la maison. Question de température…»


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