lundi 28 décembre 2015

‘‘Aube vaporeuse’’ du Provinois Michel Charlet

Entre deux fêtes, cet écrit superbe de ressenti que nous a fait parvenir Michel Charlet, nous va bien et permet d’accéder en beauté et sensibilité à cette quête de sérénité qui est gage de compréhension et de paix. Aurions-nous là les prémices d’une année à venir bien meilleure que les précédentes? La photo qui l’accompagne, vaporeuse à souhait aussi, est également de lui. Ne pas hésiter à l’afficher en plein écran.


Aube vaporeuse
«Que m’arrive-t-il ce matin ? Quelque chose me pousse hors du lit. Je dois vous l’avouer, une dame m’a donné rendez-vous. Je m’habille rapidement et pars sans m’attarder, le froid ne m’arrête pas. Arrivé près d’elle, je vois qu’elle sommeille encore, le soleil ne l’a pas encore éblouie. Il va surgir dans un instant tout près du Puy Marie. À mes pieds, comme un immense tapis, se déroulent la Corrèze, puis le Cantal et le Puy de Dôme. Le relief est calme, mais ondulé, creusé de mille vallées. Sur ma droite, un train de nuages bas trace la plus grande d’entre elles, la très belle vallée de la Dordogne. Ce paysage simple, harmonieux, me séduit par ses courbes et ses enlacements, subjugué même, par ses creux intimistes.

Assis sur un banc de mousse et adossé à un rocher, j’assiste au spectacle. La nature se réveille en douceur. La forêt sort de sa nuit, elle encore engourdie, mais le troglodyte, lui, est déjà debout qui ‘‘pipite’’. Avant même de se lever, la terre s’était parée de son voile comme si elle voulait protéger l’intimité de son dénudement matinal. La brume repose dans chaque vallée secrète. La magie s’opère, mes yeux sont émerveillés, mon cœur est comblé. Il me faut savourer cet instant, m’imprégner de ce mystère, car dans une heure ou deux, le soleil dévoilera totalement le corps de la belle dame. Il ôtera lentement son voile et avant midi, le charme ne sera plus. Mais alors, le soleil continuera à jouer son rôle d’amant, ses rayons caresseront et réchaufferont son corps. N’est-il pas un partenaire délicat et attentionné ? Mais la terre est aussi une dame sensible et aimante, au cœur ardent. On le sait, elle est capable de jouissances excessives, d’éruptions spectaculaires !

Ce matin, elle s’était parée du parfum de la forêt, un parfum subtil de pin et d’humus. Vous l’avez compris, c’était une belle dame, sensuelle, envoûtante et en même temps source de paix et de sérénité. Vous comprendrez qu’il est facile de s’y attacher et en devenir amoureux. Non, ne soyez pas jaloux, car en plus du pouvoir qu’elle possède, cette grande dame a de la classe, tout le monde lui appartient et elle se donne à tous, pourvu que nous fassions l’effort d’aller à elle. C’est son secret.»

(michel charlet)


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