mardi 5 janvier 2010

Souvenir d’une première rencontre avec Alain Peyrefitte





C’était à l’automne 1979 et je venais de recevoir à l’établissement dans lequel j’étais en fonction, boulevard Carnot à Provins, une invitation d’Alain Peyrefitte, maire de la ville, pour une cérémonie qui consistait à faire connaissance avec les cadres nouvellement arrivés dans la cité.
J’avais eu à le connaître avant: ce fut à l’automne de 1962 où, maintenu en Algérie dans le cadre de mes obligations militaires par Pierre Messmer le ministre des armées d’alors (bien que le cessez-le feu était intervenu le 19 mars et l’Indépendance de ce pays proclamée le 1er juillet précédent) j’entendis son nom, en qualité de ministre des Rapatriés, avec une tâche plutôt délicate qu’on sait, à assumer par rapport à ceux-ci. Après, il y eut le « Quand la Chine s’éveillera » qu’il écrivit et auquel je ne pouvais qu’être sensible.
(À l’automne 1979 donc, c’est en qualité de chef de service, responsable du Foyer d’adolescents en situation de difficulté sociale « Le Logis » (de la Sauvegarde de l’Enfance de Seine et Marne dont le siège se situait à Melun, que je recevais cette invitation. Cette structure étant l’annexe de l’établissement principal qui se trouvait à Saint Germain Laxis, près de la ville-préfecture du 77).
J’arrivais pratiquement après tout le monde, dans cette salle de la mairie, dont j’allais apprendre qu’elle était celle des mariages et des réceptions. Fort heureusement Alain Peyrefitte eut la bonne idée d’arriver un bon quart d’heure après moi-même et une autre personne qui était entrée sur mes talons.
Propos d’accueil et de bienvenue de celui qui, outre sa fonction de premier élu de Provins était alors garde des Sceaux et ministre de la Justice. Puis il échangea avec ses hôtes, un à un, avec un mot pour chacun, une demande de précision sur la fonction, sur le poste occupé précédemment… Après quoi le Champagne étant servi, il proposa un toast à la réussite professionnelle et personnelle de chacun.
Du bonheur pour 7 ans
Après être resté encore un court moment par correction, je décidais alors de m’éclipser. Je saluais mon hôte et dans le demi-tour que je fis vers la porte, la manche de la veste en Jean que je portais posée seulement sur les épaules, balaya un verre vide qui se trouvait en bordure de table et l’envoyait à terre. Silence subit de toute l’assemblée, regard étonné et désapprobateur de tous, à l’exception d’Alain Peyrefitte et Georges Lardin son attaché parlementaire dont je n’appris la fonction et le nom que plus tard, l’un et l’autre venant vers moi pour m’aider à ramasser les morceaux. Le premier élu de Provins salua même, amusé, la chance que j’avais là et m’assura que pour avoir brisé du verre blanc, j’étais promis à sept années de réussite et de bonheur ! Inutile de dire que je me fis une obligation de rester un peu plus longtemps à cette réception.
La prédiction d’Alain Peyrefitte s’avéra fondée (je ne pouvais pas faire autrement…), et lorsque je laissais la direction du foyer à mon successeur, six à sept années plus tard, les jeunes et leur encadrement étaient au mieux de leur efficience.
Je me rappelle que ce jour là, je faisais toutefois le constat de deux phénomènes qui se trouveraient largement confirmés par la suite: à un rendez-vous donné par une personnalité d’importance (inauguration, cérémonie de tous ordres, vernissage, visite), les personnes généralement en grande majorité, qui par précaution extrême ou par crainte particulière ou encore par réflexe d’allégeance, arrivent très largement en avance, accréditent par leur attitude l’idée que celles qui arrivent à l’heure sont en retard – D’autre part, la désapprobation manifestée montre que le rejet vient des pairs, plutôt que de la personnalité qui fait autorité.
Par contre, ce jour là, je ne savais pas encore que mon exercice professionnel à venir, de journaliste indépendant correspondant d’une presse hebdomadaire régionale (PHR), allait me faire côtoyer Alain Peyrefitte jusqu’à sa disparition.
Un site Internet
De lui, et pour l’heure, j’indiquerais avec le feu vert de son fils Benoît et alors qu’on vient de célébrer le dixième anniversaire de sa mort, qu’un site Internet vient de lui être directement dédié et qu’il est en fonction sensiblement, depuis ce début d’année. Pour y accéder: www.alainpeyrefitte.fr
- Après une page d’accueil, avec un édito de Benoît Peyrefitte, on peut y consulter les rubriques suivantes: portrait, chronologie, thèmes, archives, hommages, œuvres et un certain nombre de liens. Le tout très largement enrichi de photographies.
- À propos de photographies, nous proposons pour accompagner ce souvenir, celles prises récemment lors des différents hommages du Provinois rendus à Alain Peyrefitte, tant au cimetière de la Ville haute où il repose qu'au centre culturel Saint Ayoul, lors de la cérémonie organisée par la ville.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire